LA PERINATALITE ET LA SANTE MENTALE

Quand la grossesse ou la naissance fait irruption trop tôt ou trop tard ou pas comme prévu, ou pas du tout…désirée ou non coupable ? Cap ou pas cap sur les projets individuels et/ou la vie de famille ?

De surcroît, la grossesse peut évoquer un mirage ou une perte, une rupture, un deuil non résolu qui refait surface, l’annonce réelle ou imaginaire d’une malformation fœtale, d’une pathologie compliquée, d’une différence, d’un handicap à porter en plus.

Quelques chiffres alarmants de la sphère psychique viennent au demeurant pressuriser la bulle :

Au-delà du baby-blues physiologique des 3 à 5 premiers jours de vie qui touche entre 50%-80% des mères, le risque de développer une dépression post-natale atteint 1 femme sur 5 soit 20 % et 1 homme sur 10, soit 10%. La Dépression périnatale de l’homme, du père/coparent, et si on en parlait pour lui donner sa place ?

Pour conclure, la part des étiologies psychiatriques dans la mortalité maternelle est largement prouvée depuis l’enquête confidentielle réalisée en 2016-2018 par Santé Publique France et l’INSERM, voire même sous-estimée au point de recommander au niveau international de « Considérer tous les suicides jusqu’à 1 an après la grossesse comme des morts maternelles directes ». Le risque moyen se situe à 6 mois du post-partum pour l’enfant né vivant. Il est majoré dans les situations de deuil périnatal : après une fausse couche précoce ou tardive, une interruption volontaire de grossesse ou involontaire si indication médicale pour cause maternelle et/ou fœtale, après une grossesse extra-utérine, ou une mort fœtale in utéro précoce, intermédiaire ou tardive, ou encore en cas de mort inattendue du nourrisson, sans parler du contexte des réductions embryonnaires.

La détresse est amplifiée par la maltraitance institutionnelle et sociétale vécue tant du côté des patientes que des soignants. En effet, l’indicateur de mortalité maternel remet en question l’efficacité et l’efficience du système de soins sur la notion de mort évitable dans le parcours de santé des femmes avant, pendant et après la grossesse.

La chaire ‘’des psy’’ appelle à la conscience du risque accru d’interférer sur le pronostic psychologique, ontologique, neurosensoriel, et émotionnel au bénéfice de la survie de l’enfant à tout prix, y compris d’aliéner sa vie intra-utérine, de le chosifier en une créature. Ce qui reviendrait à le priver de son droit d’être, de ses liens d’attachement à sa matrice maternelle ou source vitale et charnelle d’amour, de reconnaissance, du sentiment d’appartenance, in fine de ses premières stimulations cognitivo- sensorielles. En somme, l’enfant si précieux arriverait au monde d’emblée frustré comme un déshérité, destitué, démuni de son droit à l’éducation originelle à sa vie relationnelle affective et sexuelle…si imparfaite soit-elle mais réelle.

N’existerait il pas une autre alternative pour libérer la femme que de supprimer sa maternité ou la laisser se suicider en demandant demain aux sages-femmes de surveiller les fœtus dans des sacs plastiques ? La disparition du lien mère-enfant n’est-elle pas déjà amplement relayée par l’IA ? Qui plus est dépasse les performances médicales. Notre mode de survie sociétal se réduit il à la binarité ? Quel impact sur l’identité sexuelle et de genre ? Concrètement, sur quels paramètres se baser pour doser la quantité de testostérone à administrer in biobag ? Et qui en portera la responsabilité ?


Bibliographie

OMS ; INSERM, SANTÉ PUBLIQUE France : SANTÉ PÉRINATALE ET PETITE ENFANCE avril 2024

« Les morts maternelles en France : mieux comprendre pour mieux prévenir ». « 7e rapport de l’Enquête nationale confidentielle sur les morts maternelles (ENCMM) 2016-2018 »,

Communiqué de presse Saint-Maurice 20 septembre 2022

« Santé périnatale : un rapport inédit pour décrire et améliorer l’état de santé des femmes et des nouveau-nés » ;

PROFESSION SAGE-FEMME : avril 5, 2024 numéro 261 déc.2019 et janv.2020, mai 3, 2023 

« Dépression périnatale et mortalité chez les femmes suédoises »

« Réduire la mortalité maternelle : un défi pour le monde »

Nour Richard-Guerroudj : avril 5, 2024 Rédaction Online 

« Utérus artificiel : bientôt des essais cliniques sur l’être humain »

IEB  Institut Européen de Bioéthique Publié le :06/10/2023  Thématique :

« Début de vie / Procréation médicalement assistée » 

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Références

  • 10: Prevalence of antenatal and postnatal anxiety:Systematicreview and meta-analysis, Dennis C. L. & al., 2017.
  • 11: Assessing he Mental Health of Fathers, Other Co-parents and Partners in the PerinatalPeriod: Mixed Methods Evidence Synthesis, Darwin Z. & al., 2021.

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